Annexes: Un costume pour le Généralissime

Sources:

1915, l’enlisement par Jean-Yves Le Naour, déjà cité

Ceux de 14 par Maurice Genevoix

Annexes: Grand repos à Blainville

Sources:

Toujours le journal de marche, les carnets de Paul Madeux, les mémoires de Charles Galliet, déjà cités.

La photo de Léon a été retrouvée récemment par Anne Menneglier-Clerc dans les archives de sa famille, merci  à elle!

Hâtifs préparatifs

Le 16 mai au matin, rapporte le Journal de marche, certains officiers sont convoqués à la commanderie pour « s’entretenir d’une attaque avec le Général Blazer, Commandant de la 16e Division » ; leur supérieur hiérarchique, le Lieutenant-Colonel Suberbie, tient à les accompagner.

Il leur est alors dévoilé l’objectif de l’attaque au Bois d’Ailly: « l’ensemble des ouvrages constitués par la Maison blanche, le Fortin et le boyau du génie ».

Le colonel fait remarquer « qu’une pareille attaque qui doit déboucher des tranchées de première ligne, à la pointe du jour, doit être préparée par une minutieuse reconnaissance du terrain » par tous les officiers afin qu’ils puissent ensuite guider efficacement leurs hommes. Le Général de division partage cet avis et prescrit au Colonel Suberbie  de se rendre à Commercy auprès du Général commandant le 8e CA pour lui exposer ces observations en lui faisant remarquer « qu’elles viennent de lui, qu’il n’en a pas parlé le premier, mais qu’il les approuve ». (les guillemets sont dans le texte )

Le Général écoute les observations du Colonel confirmées par les officiers présents, mais, il leur dit que bien que partageant leur avis, des considérations supérieures le forcent à attaquer dans la nuit même (sic).

Une brève reconnaissance aura bien lieu « sommairement dans l’après-midi du 16 mai, de 15h à 18h. », puis les officiers prépareront hâtivement leurs plans d’attaque.

Il y aura deux attaques distinctes, une à l’ouest, une autre à l’est, chacune avec deux objectifs.

L’artillerie préparera la bataille avec des tirs « de vitesse maximum » à trois reprises dans la nuit du 16 au 17. Le Génie répartira ses sapeurs entre les différentes compagnies.

Enfin il est prévu de munir chaque homme « de deux jours de vivres, de 300 cartouches, des explosifs nécessaires et d’un bidon plein d’eau. »

La bataille commencera le 17 mai à l’aube, sur un terrain de tranchées enchevêtrées, comme le montre le croquis ci-dessous.

croquis bois-d-ailly

Il avait été décidé en haut lieu que la contre-attaque ne pouvait souffrir aucun retard… quitte à sacrifier plus d’hommes que nécessaire dans cette entreprise…

 

Adèle, ma belle

On l’a vu dans l’article précédent (Grand repos à Blainville), certains soldats furent rejoints au cantonnement de repos par leurs épouses. Ce ne fut bien sur pas le cas de Léon Mühr… qui n’était pas marié. Et peut-être est-ce le moment de parler de sa vie sentimentale.

La mémoire familiale n’a gardé aucune trace d’une relation amoureuse de l’intéressé, ni de fiançailles avant de partir au front. Tout ce que l’on peut dire c’est que vers l‘âge de dix-huit ans, il a éprouvé pour sa cousine germaine Adèle une forte attirance, si l’on en juge par les cartes postales qu’il lui adressait. Très jolie comme on le voit sur sa photo, prise dans un studio de photographe, l’intéressée, âgée d’à peine vingt et un an, avait quitté sa famille et son Baume-les-Dames natal pour Chalons-sur-Saône, comme employée des PTT, « demoiselle des Postes » , comme on disait à l’époque.

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« Bonjour ma belle » écrit Léon sur une de ces cartes, et sur une autre « Salut p’tit cœur ». Une troisième, beaucoup plus longue, se termine par « bons baisers belle cousine de ton cousin qui t’aime ». Toutes sont datées de l’automne 1908.

Mais la demoiselle n’a pas du beaucoup encourager les sentiments de ce presque frère, la correspondance ultérieure étant devenue bien plus raisonnable. Et en septembre 1910, n’ayant sans doute plus de nouvelles, il lui écrit même « Es-tu morte ? »

Au printemps 1915, il n’était plus question d’écrire à Adèle, mariée et sur le point d’accoucher de sa deuxième fille Françoise. Les cartes postales s’adressent aux sœurs de celle-ci, célibataires : Marie et Jeanne. Le 31 mars : «  Ma chère Jane (sic) je continue à me promener un peu dans tous les coins ; de temps en temps on se cogne, puis on se retrouve au repos… ». Le 11 mai, à Marie : « … suis au repos et vais toujours bien… ».

Sur aucune il ne manque « affectueux baisers à toute la famille » ou « j’espère que toute la famille va bien », et on peut imaginer que « toute la famille » veut surtout dire « Adèle ».

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