Après la guerre

Le 1er août 1921, Félicie Mühr reçut une maigre consolation: le corps de son fils fut transféré à Cusance pour y recevoir une sépulture définitive.

Il avait en effet été décidé en haut lieu que, dans la mesure du possible, les corps des soldats seraient renvoyés à leurs familles. Cela donna lieu à un gigantesque marché de pompes funèbres et plusieurs scandales éclatèrent, d’aucuns ayant trouvé l’occasion de s’enrichir facilement en fournissant, par exemple, des cercueils de moindre qualité ou de dimensions plus réduites que prévu dans l’appel d’offres. Cet épisode a été évoqué dans l’excellent roman (prix Goncourt 2014) : Au revoir là-haut, de Pierre Lemaître.

 Une messe fut sans doute célébrée et l’on édita une nouvelle image pieuse. Puis la vie reprit son cours. A Guillon et à Cusance comme ailleurs.

Image Leon 2

J’ai déjà évoqué dans un article précédent (La vie d’avant) quelles traces restaient de Léon Mühr dans la maison de sa mère veuve qui recevait chaque été en vacances ses petits-neveux Menneglier ceux-ci n’ayant plus, de leur côté, leurs grands-parents maternels.

Françoise et Jean, dans leurs souvenirs, décrivent Félicie Mühr, « la tante Fé », comme une personne peu expansive mais très douce, toujours habillée de noir et coiffée d ‘une fanchon (sorte de bonnet en peluche), à la mode d’avant la guerre. Elle avait une vigne dont elle tirait un vin aigrelet et possédait officiellement un alambic où elle distillait des prunes, ne manquant pas de soustraire une partie de l’alcool à la surveillance des autorités !

1934 presbytere de cusance Felicie Muhr avec 2 nieces (1)

Le dimanche, elle se rendait à Cusance sur son vélo à pignon fixe (sur lequel il fallait sauter puisque les roues et les pédales tournaient en même temps). Françoise écrit même que « le vélo connaissait le chemin » car, affectée par la cataracte, elle n’y voyait plus grand chose. Arrivée au cimetière, ayant comme chaque semaine préparé une brassée de fleurs de son jardin, « elle les mettait dans un vase sur la tombe des siens, arrachait les mauvaises herbes et allait ensuite assister à la messe non sans avoir récité auparavant le De profondis. », relate Jean Menneglier.

Elle mourut en 1937, peu avant la deuxième guerre mondiale, sa maison fut vendue et les souvenirs conservés précieusement par Marie Pequignot et Adèle Menneglier. C’est ainsi qu’ils sont parvenus jusqu’à moi.

 

 

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