Préparatifs d’offensive

Napoléon, toujours considéré en 1915 comme le dieu de la guerre disait : « Faire la guerre c’est attaquer ! », alors on attaque… même si les chances de l’emporter sont extrêmement faibles.

L’Etat-Major s’hypnotise sur un nouveau dogme, celui de la percée de cette muraille que constitue le front figé de la Suisse à la Mer du Nord: une fois la ligne ennemie enfoncée à un endroit donné, le front craquera ;  le manque criant de réserves d’obus ne permettant pas cependant de réaliser ce plan dans l’immédiat,  en attendant des les reconstituer pour de grandes opérations, on va essayer de « grignoter ». Et puis pense-t-on dans les bureaux douillettement installés à l’arrière, le séjour aux tranchées finit par amollir le soldat, il faut soutenir son moral et sa combativité en lui imposant des offensives.

En mars 1915, le Général commandant la 141e Division en concocte une dans le secteur lorrain de Badonviller et de la Ferme du Chamois, position jugée stratégique occupée par les Allemands; on va donc entreprendre de les en déloger.

Le secret absolu sur cette opération doit être gardé : le mot « Secret » barre d’ailleurs la marge de certaines de ces sept doubles pages d’instructions consignées dans le journal de marche du 171e RI. Plusieurs Régiments sont impliqués dans cette attaque, mais c’est le 171e, considéré comme un Régiment d’élite, qui est chargé de l’attaque proprement dite « L’emploi du 171e est prévu pour une mission offensive à l’exclusion absolue du service des tranchées ».

Arrachés le 19 mars -sans aucun signe avant-coureur, on l’a vu- de leur cantonnement de Flin, les soldats se rendent à Vaqueville, douze kilomètres plus loin. « Le lendemain, écrit Charles Galliet, le bataillon bouclait les sacs et partait plus avant, il s’agissait disait-on, d’une reconnaissance dans le genre de celle que nous avions faite en Alsace, avec retour probable le lendemain ».

Paul Madeux précise quand même : « C’est dans ce nouveau village que l’on nous prépara à une attaque : distribution de vivres, de cartouches, de cartes, recommandations multiples, revues etc… De ma grange je voyais nos grosses batteries harceler déjà le boche : cela commençait à donner à réfléchir. »

Le 21 mars, le Colonel Suberbie, chef du 171e RI, détaille par le menu dans le journal de marche la stratégie qui sera employée, croquis à l’appui, et précise le rôle de chaque bataillon : le premier (celui de Léon) aura la fonction de soutien, le deuxième sera placé en réserve, le troisième effectuera l’attaque proprement dite.

L’offensive est prévue pour le 22 mars, à l’aube.

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