Les fantassins –auxquels appartenait Léon- sont partis à la guerre vêtus de pantalons rouge garance. Pourquoi une telle couleur si voyante ? Eh bien parce que l’armée française avait bien du mal à évoluer ! Certes des avertissements avaient été lancés avant la guerre, se référant à la guerre des Balkans ; par ailleurs toutes les grandes armées européennes étaient déjà dotées de tenues moins exubérantes, de manière à se fondre dans le paysage (vert-de-gris en Allemagne, kaki en Grande-Bretagne).
En 1911, le Ministre Messimy avait bien essayé de faire adopter la couleur vert réséda, mais cela souleva un tollé et des envolées lyriques du genre : « Supprimer le pantalon rouge ? Non ! Le pantalon rouge c’est la France ! » (Eugène Etienne, Ministre de la Guerre). Moyennant quoi les soldats français gardèrent leurs pantalons garance, traditionnels depuis… 1829 !
Et puis il fallait bien assurer un débouché aux industries des draps garance du sud de la France.
Les hécatombes de fantassins en août 1914, bien repérables sur fond de terre ou de chaume incita les autorités à prévoir un drap de couleur plus neutre et c’est le bleu horizon qui fut adopté. Un certain temps fut cependant nécessaire pour confectionner les uniformes. On verra plus tard à quel moment Léon recevra sa nouvelle tenue.
Sur la tête du fantassin un képi, rouge lui aussi, vite camouflé par un bandeau bleu, pour que les têtes ne servent pas de cibles ! Pas de casque : les premières calottes d’acier, lourdes et peu pratiques apparaitront assez vite; les premiers casques seront distribués en 1915.
Sur son dos un fourniment de 30 kilos : musette et bidon en sautoir, pour transporter vivres et vin. Cartouchière autour de la taille pour le fusil Lebel. Sur le sac une couverture roulée et une toile de tente, plus la lourde capote bleue, lorsqu’il fait trop chaud pour la porter. Sans oublier, la baïonnette, la gamelle et une petite pelle !