Les Allemands ont donc été arrêtés sur la Marne le 9 septembre. Les deux armées sont complétement épuisées par l’énorme effort qui vient d’être fourni et les Français ne profitent pas suffisamment de leur avantage : les Allemands arrivent à se rétablir sur l’Aisne et à s’y maintenir grâce à des tranchées creusées hâtivement. De l’Aisne à la Suisse le front s’est figé, long serpent de tranchées. Chacun des deux camps entreprend alors d’essayer de déborder l’autre.
Une folle course se déroule alors, à partir de la mi-septembre, de l’Aisne à la Somme, de la Somme à l’Artois, puis vers Lille. A Nieuport, il faudra stopper sans avoir pu tourner l’adversaire : ce sera « la course à la mer ».
Falkenhayn, nouveau chef d’état-major général allemand voit bien qu’il ne pourra pas déborder mais souhaite quand même atteindre les ports de la Manche et jette dans la bataille des troupes fraiches de jeunes étudiants fougueux, animés d’une foi patriotique intense. Le choc frontal se produira dans la plaine de l’Yser, entre Nieuport, Dixmude et Ypres.
Côté français, Foch, tant bien que mal, a réussi à organiser un « invraissemblable magma » de toutes armes et de toutes races. Les fusiliers marins bretons, les tirailleurs sénégalais, les marocains pour ne citer qu’eux, paieront un tribu particulièrement lourd dans cette bataille, mais résisteront.
Les Anglais dont l’armée était aussi composée de soldats de provenances disparates, furent admirables de ténacité (cf la bataille du Mont Kemmel où 2000 cavaliers anglais empêchèrent trois divisions ennemies de trouer nach Kalais !).
De leur côté, les Belges, animés par le Roi Albert, le « Roi-chevalier », repliés sur une bande de sable le long de la Mer du Nord se résigneront le 28 octobre à ouvrir les vannes des écluses à marée montante, inondant ainsi la rive gauche de l’Yser, stoppant net la progression des Allemands. Tant pis pour le Kaiser qui avait déjà prévu une visite dans Ypres conquise, pas plus qu’à Paris il n’y entrera en grande pompe !
De l’autre côté du front, en Lorraine, à un endroit qui intéresse notre récit, se déroulait la dernière grande bataille de la fin septembre : le Kronprinz et ses troupes bavaroises, fit une poussée en direction des Hauts de Meuse, avec l’idée sans doute –déjà- d’atteindre Verdun. Bloqué sur ses deux flancs, aux Eparges et dans la Forêt d’Apremont, il réussit à prendre St Mihiel, créant ainsi une hernie, ou saillant. Dès la fin de septembre, les Français tentèrent de reprendre ce terrain perdu ; ce furent les combats auxquels participèrent Léon et ses camarades du 171e (voir les articles « Au Bois d’Ailly »)